Au début du mois de mai, consacré à la Mère de Dieu, on a pu voir un flot de pèlerins, un peu différent de l’habituel. J’ai noté en particulier la présence d’une foule très fidèle à la dévotion mariale, une foule en même temps très chère à mon coeur, « un peuple d’un pays lointain, lointain mais toujours si proche par la communion de la foi et de la tradition chrétienne” ». Oui, je parle des Polonais, qui étaient, eux, le corps principal de ce flot si ample de pèlerins de la première semaine de mai. Ils sont venus remercier Dieu pour le don de la Vierge Marie, pour chanter leurs louanges au Seigneur.
Tout au long de l’Histoire ils ont expérimenté bien des fois une aide particulière de la Mère de Dieu. La force et la splendeur de cette « main maternelle posée sur leur terre » se sont manifestées en diverses occasions, dont la plus connue est la protection miraculeuse de la Vierge pendant l’invasion des Suédois. Pendant des siècles le peuple polonais a senti de près la protection spéciale du manteau de la Vierge et plusieurs rois l’ont déclarée « Reine de Pologne ». Pie XI a fixé au 3 mai la fête de la Vierge Marie, Reine de la Pologne et le Pape Jean XXIII a proclamé Marie protectrice principale du pays de Pologne avec St Stanislas et St Wojciech.
Et voici donc cette invasion de Polonais à Medjugorje, voici que l’on entend résonner la langue polonaise en hymnes de louange et de remerciement sur les collines qui entourent cette terre bénie. Voici ce flot de pèlerins venus d’un pays lointain...
Mais je pense que quiconque est allé à Medjugorje s’est rendu compte que toute période amène avec elle des flots de pèlerins de divers pays, plus proches ou plus lointains. En vivant ici, peu à peu on apprend à reconnaître les caractéristiques typiques de chaque pays (d’autant mieux qu’ensuite on peut réussir facilement à reconnaître la nationalité d’un groupe simplement d’après le comportement, l’aspect, la manière de s’habiller, ou même simplement au coup d’oeil...). Oui, vraiment Medjugorje est toujours en mouvement et la diversité entre les personnes rend encore tout cela plus vif.
La tradition de la dévotion à la Mère de Dieu, pendant le mois de mai trouve ses racines dès le 15ème siècle. Elle est reliée à l’époque des fleurs que les générations de fidèles, nos prédécesseurs venaient apporter aux pieds des diverses images mariales qui se trouvaient dans les églises et chapelles et aussi en divers édicules construits le long des routes des villages. Je pense aussi à une réalité: la Vierge Marie en ce mois nous prépare pour quelque chose de plus important. Elle nous guide vers l’unique Bien, c’est-àdire Dieu... Après mai arrive juin, mois consacré au Coeur divin de Jésus d’où ont jailli le sang et l’eau pour notre salut. Elle, «l’humble servante» c’est justement pour cela qu’elle est «Reine du ciel et de la terre» parce qu’elle ne nous garde pas pour ellemême, mais elle veut être pour nous comme une flèche indicatrice dont l’unique sens est de diriger nos pas là où est notre Père...
C’est une joie de voir les enfants habillés de la manière la plus solennelle possible, s’approchant pour la première fois du Seigneur présent dans le sacrement de l’Eucharistie, avec simplicité mais aussi avec un certain sérieux et une impatience sympathique. “Si vous ne devenez pas comme des enfants vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.”
Plus que nous, adultes, ces petits cœurs sont étonnés par ce mystère: “un si grand Dieu qui peut tout contenir se fait ainsi petit et humble pour entrer dans nos pauvres coeurs…”
Cette image des enfants qui ont reçu la sainte communion pour la première fois pourrait nous toucher ardemment et nous encourager à nous approcher avec une foi et un amour plus sincères de ce sacrement, de cette source de vie et de toute grâce…
Je me demande si nous sommes conscients de cette vérité: que la Mère de Dieu, la Pleine de grâce nous visite chaque jour comme Elle a visité Elisabeth?
Entre le P. Ljubo qui répète souvent aux pèlerins: “Je suis déjà ici à Medjugorje depuis 7 ans, mais j’ai peur de dire que je connais Medjugorje. Medjugorje, on peut le connaître seulement agenouillé en prière.” Je me suis souvenu de cette phrase en voyant, tard dans la soirée le jour de la Visitation, un groupe de jeunes “en stationnement” sur le Podbrdo aux pieds de la Sainte Vierge. Mon coeur s’est réjoui de les voir et d’entendre leurs prières, libres de grandes philosophies et théologies, prières très concrètes, sincères et exprimées avec le langage typique des jeunes. Ils étaient comme ils sont… ceci est important! Accompagnés par la lumière de la pleine lune ils étaient venus recevoir la visite de la Mère de Dieu (à les regarder ils étaient semblables à beaucoup de jeunes perdus dans la vie nocturne des villes et en même temps si différents, seulement pour avoir répondu à l’invitation de leur Mère céleste).
C’est vraiment Lui qui passe dans les rues de Medjugorje. Corps eucharistique, corps réel. Sa bénédiction veut atteindre chaque recoin du milieu dans lequel nous vivons, et tout ce qui se trouve dans le coeur humain....
Cependant, au-delà à la joie de Le suivre, j’éprouve aussi la douleur de voir le nombre de ceux qui considèrent comme une promenade la procession du Corpus Domini, vraiment ici, dans le lieu où la Sainte Vierge nous appelle à la conversion depuis déjà 26 ans!
Je regrette cette remarque, mais elle est inévitable. Oui, parce que notre Dieu est si bon, patient et miséricordieux, et nous hommes nous ne le voyons pas; souvent nous ne nous en apercevons pas même quand il est ainsi près de nous!
Mais nombreux aussi étaient ceux qui, avec un coeur sincère ont accompagné par les rues le «Corps du Seigneur» avec dignité et un véritable amour envers le Doux Agneau, “bon comme un morceau de pain”... dans lequel Il est resté présent, vraiment pour nous, et pour toujours.
de Sr Halina